mardi 26 décembre 2006

Les monologues du vagin

Début brouillon d'une pseudo étude dans un carnet de recherche, besoin d'un avis. Mauvaise critique, s'abstenir :p


Le monologue du vagin. Je n’en avais jamais entendu parlé. Je l’ai vu dans la librairie et je l’ai pris, c’est tout.
Certains passages me ramènent à un passé lointain, oublié. Des choses racontées entre nana et qui sont en fait complètement anormalement « habituel » chez les femmes:

p 65 : « J’avais tellement peur, je mettais les protections usagées dans des sacs en papier que je cachais dans un coin sombre sous le toit. »

« Une nuit, je suis rentrée très tard à la maison et je suis allée me coucher sans allumer la lumière. Ma mère avait trouvé les serviettes usagées et les avaient glissées sous mes draps. »

« A la collo, ils m’ont dit que je devais pas me baigner pendant mes règles. On m’a frottée avec un antiseptique. »

Ces phrases, des amies auraient pu les dire. Le passage de l’enfant à la « fille » est le moment où l’on a ses règles. Le moment où l’on devient une femme est le moment où nous avons un premier rapport sexuel.
Dans cette société où le rituel n’existe plus ou presque, ce passage là est traduit par un malaise.
L’enfant doit alors devenir un être responsable, bien comme il faut. Aucun écart n’est permis, il ne faut pas en parler, ne pas en souffrir, c’est un secret que seules les femmes peuvent garder au creux de leur corps. Les Hommes leur vouent un culte étrange. Elles sont la raison de la mauvaise humeur , de la fatigue dans des phrase type t’elles que « t’as tes règles ou quoi? » Elle sont aussi une forme de dégout, les trois quarts des hommes refusent tout rapport sexuel si une femme a ses règles.

L’arrivée des règles est souvent orchestré par la mère. Il existe deux « types » de réactions.
La première, que je viens de décrire et une autre qui fait des règles quelque chose de banal.
La fille arrive, le dit, la mère lui explique et lui donne un tampon ou une serviette et c’est tout, c’est fini. Il faut alors se démerder avec ça, ne pas se poser de questions, c’est comme ça c’est tout.
« Elle m’a montré comment mettre un tampon. Il n’est rentré qu’à moitié » (p 67)


« On voulait toutes avoir nos règles. On les voulaient toutes, tout de suite. »

« J’ai regardé par terre, ça y était. « Ca y est je suis une femme ». Je n’ai jamais cru qu’elle viendraient Ca m’a complètement transformée. Je suis devenue adulte et silencieuse. Une vraie Vietnamienne _ bonne travailleuse, vertueuse, ne parle jamais. »

Le rituel de passage, le rituel douloureux, heureux, mais quoi qu’il en soit attendu , avec crainte ou envie. Les règles sont une invention des Hommes, ayant fantasmé sur le rouge, la couleur su sang, de la douleur. Les règles sont le cheminement d’un machisme ambiant visant à ce que la femme dviennent docile , mature plus jeune, plus tôt. Un Jeune garçon qui éjacule pour la première fois ne va pas voir son père pour lui demander quel type de mouchoir il peut prendre pour essuyer son sperme .
Oui, « ce n’est pas pareil », mais devenir une femme , c’est quoi au fond?
Devenir une ,femme c’est être serviable,jolie, travailleuse, enjouée et toujours agréable. Etre une femme c’est ne jamais parler de son sexe, de son vagin et de tout ce qui tourne autour, être, devenir une femme c’est faire devenir une partie de sois taboue. Entre femmes du même âge, on peut parler de sexe, ou se confier des choses, mais en parler aussi libre qu’en parle ce livre est presque impossible au quotidient.

Le plus dur est de savoir que pour notre société, un homme qui se masturbe c’est « normal », chez une femme, c’est une maladie.

P 101 : « La vente de vibromasseur est interdite par la loi dans les Etats suivants:Texas, Géorgie, Ohio et Arkansas. Si vous vous faites prendre, vous risquez une amende de 10000 dollars et un an de travaux forcés. En revanche dans ces me^mes états, la vente d’armes est parfaitement légale (…) »

Au XIX eme siècle, les petites filles qui apprenaient à développer leurs capacités orgasmiques par la masturbation étaient considérées comme des cas médicaux. Souvent « on les traitaient » ou « corrigeait » par l’excision ou la cautérisation du clitoris ou encore « en créant une ceinture de chasteté miniature », c’est à dire en cousant ensemble les grande lèvres pour mettre le clitoris hors de portée et même par castration, avec ablation chirurgicale des ovaires. En revanche il n’y a pas d’exemple dans la littérature médicale d’ablation chirurgicale des testicules ou d’amputations du pénis pour empecher la masturbation chez les petits garçons.
Aux Etats Unis la dernière clitoridectomie à but curatif de la masturbation connu à été enregistrée en 1948 sur une petite file de 5 ans . (source: l’encyclopédie des mythes et des secrets de la femme.)

Le plus dur encore c’est de savoir que la femme, le vagin de la femme est considéré comme un objet, ou un libre service. Bien sur, tous les hommes ne sont pas ainsi, et des hommes subissent des violences sexuelles mais 1 femmes sur 5 a déjà été violée dans sa vie. Vous imaginez? Vous prenez 5 femmes, et en face de vous une d’elle au minimum a déjà subit des sévices sexuels.

P81 : « vingt à soixante-dix milles femmes avaient été systématiquement violée sous prétexte de tactique de guerre , en plein milieu de l’Europe en 1993. Il est très choquant que si peu de gens aient essayé d’y mettre un terme. Cela dit , cinq cent milles femmes sont violées tous les ans dans notre pays et nous ne somme pas en guerre, enfin théoriquement. » (d’après l’interview de l’auteur de femmes bosniaques réfugiées pendant la guerre en ex Yougoslavie)

Témoignage d’une femmes réfugiée:
« Mon vagin, village vivant, doux et chaud.
Il t’ont envahis, massacré.
Incendié.
Je ne peut plus te toucher
Je ne peut plus te voir
J’habite ailleurs à présent.
Ailleur, mais je ne sait pas où c’est. »



Ce livre, ne se contente pas de nous parler d’un tabou librement, il parle aussi d’homosexualité, du plaisir de la femme, de sa propre méconnaissance de son corps, de ses désirs, des ces femmes dites « du sexes », de viols, des règles, des interdictions arbitrairement imposé par les hommes.
Qui lit ce texte ne regarde plus le corps d’une femme de la même manière. Qui lit ce texte ne pense plus au sexe de la même manière.
Les monologues du vagins c’est aussi une pièce de théâtre, la pièce de théâtre qui fait de vous une « femme », pas une femme façonnée par sa société, mais une femme dans son intégrité, qui n ‘a peut être plus peur d’elle même ou en tout cas moins, ne serais ce que l’espace d’une soirée. C’est aussi pour les Hommes, ces hommes qui se rendent compte que le vagin n’est pas une petite bête moche à ne pas regarder ou considérer, mais que c’est tout aussi important de le voir comme on regarderait un visage, une personne de l’intérieur.
Ce livre m’a rappelé beaucoup de choses, il donne aussi un certain espoir, il fait rire sourire, donne mal au ventre et agite les neurones. Mais il manque peut être encore un petit quelque chose… Il ne doit pas rester enfermer dans de slibrairie et sur des scènes de théâtre où ce sont toujours les même personnes qui se présentent. Au final, le tabou est toujours là, enfermé et ne parle qu’avec certains, en comité réduit…J’imagine bien cette pièce en théâtre de rue. Vous passez sortant du boulot ou autre et votre oreille en tend cette phrase : « Votre vagin il sent quoi? » clamé haut et fort, et là juste ,à côté une femme qui lui répond…

2 commentaires:

n a dit…

Mazette(oui j'ose le mot,allant pour ceci aux devant de gros ennuis avec la censure!Même pas peur!),je croirais entendre des propos pre-soixante-huitard.
J'ai en effet le sentiment qu'aujourd'hui,ce malaise du passage à l'ado(ça m'a toujours fait marrer d'entendre des filles se targant d'êtres femmes après leurs premières régles ou leur première fois),puis à la femme,n'existe plus.
Mais peut-être que je suis plus optimiste que réaliste,me diras-tu.
En tout cas,tes histoires de faire l'amour pendant les règles et de:"comment y sent ton vagin"m'ont ramené bien malgré moi à de vieilles anecdotes.
Merci pour avoir stimulés de tels souvenirs(je vais pas dîner ce soir,plus faim)

mawine a dit…

Et voilà un exemple qui illustre parfaitement tes propos : le sexe de la femme c'est sale. Rien de pré-soixante-huitard dans les propos de Tchou, juste un raz le bol des femmes qui enfin osent lever la voix et le clitoris. Je suis sûre que ce malaise vient de la religion chrétienne, en partie du moins, car depuis Adam et Eve la femme est perçue comme un être maléfique, pervers et malsain. D'autres religions prônent depuis des milliers d'années la supériorité de l'homme sur la femme, sexuellement et au quotidien. Ne vous étonnez pas si un bon paquet de nanas deviennent lesbiennes ...